Les origines du sauna
Les origines millénaires du sauna
Le sauna vous apparaît peut-être comme une pratique exotique venue des confins de la Scandinavie. C’est pourtant une tradition intimement liée à toute l’histoire humaine, et ce depuis la nuit des temps.
Nos ancêtres préhistoriques avaient déjà crée le sauna, sous forme de cabane de sudation.
On retrouve chez les peuplades de Sibérie ou encore les tribus amérindiennes les traces d’édifices sommaires faits de branchages dans lesquels on roulait des pierres chauffées dans un feu de bois qu’on appelle huttes de transpiration. Elles étaient utilisées par les malades ou les soldats de façon rituelle pour guérir et se purifier.
Dans toutes les cultures, on a attribué à l’eau et à la sudation des vertus curatives sur quantité d’affections.
Ainsi, un des premiers textes médicaux connus, l’Ayurveda (-2000 av JC), préconise la sudation forcée comme moyen d’entretenir la santé.
Le laconicum: sauna du sud
Le nom de « thermes » tire son éthymologie de thermos qui signifie « chaud » en grec. Les romains empruntèrent cette tradition aux grecques et l’améliorèrent. Dès -1000 avant J.-C., ils mirent au point un système de circulation d’eau chaude dans les sols et d’air chaud dans l’épaisseur des murs.
Les thermes comprenaient plusieurs pièces, différentes par leur température et leur hygrométrie.
Le frigidarium était la pièce froide, le tepidarium la salle tiède chauffée par les salles voisines et le caldarium la salle très chaude car directement alimentée par la chaleur du foyer sous son sol. Le laconicum était une petite rotonde où se trouvait un fourneau permettant de fournir une chaleur sèche. Cette pièce tire son nom des Spartiates de Laconie qui préféraient cette chaleur sèche. On trouvait également le sudatorium dans lequel la chaleur était humide. Le laconicum peut être considéré comme le précurseur du sauna tandis que le sudatorium a évolué vers le hammam, qui signifie « eau chaude » en arabe.
La popularité des thermes dans le monde romain fut beaucoup plus grande qu’en Grèce, comme en témoignent beaucoup de textes anciens et les dimensions des vestiges encore observables à Rome.
Les thermes de Caracalla (212 ap JC) pouvaient abriter à la fois 1600 personnes et ceux de Dioclétien (305 après J.-C.) 3000 personnes.
Ces dispositifs sont encore visibles dans les thermes de Pompéi, Herculanum ou Rome, mais nul besoin d’aller si loin, des vestiges sont également exposés à Jublains ou à Entrammes !
Le sauna fait donc aussi partie de l’histoire locale, puisque les thermes romains étaient il y a à peine 2000 ans omniprésents sur le territoire.
Les bains publics au Moyen-Age
Dans l’Europe médiévale, il existait encore de nombreux établissements publics de bains qui s’inspiraient de la tradition héritée des thermes Romains et des hammams découverts lors des croisades. Bien que plus modestes que les bains Romains, ces établissements payants offraient les même services : on s’y faisait raser, épiler, soigner, poser des ventouses, on y rencontrait ses amis et on s’y baignait.
Contrairement aux thermes romains qui pouvaient proposer des locaux séparés pour les hommes et les femmes, la mixité qui régnait dans les bains au Moyen-Age déplut à l’Église qui tenta d’interdire la fréquentation des mêmes établissements sur les mêmes jours aux femmes et aux hommes.
Malgré les amendes imposées, ce règlement ne fut pas respecté.
Si la pensée courante est que les gens du Moyen-Age ne se lavaient pas, ces derniers profitèrent en réalité des bains communs jusqu’à l’arrivée des grandes épidémies. Les épisodes de peste et de syphilis entraînèrent la chute de la tradition des bains publics. En effet, le matériel de saignée et la promiscuité régnante favorisaient la contamination. Divers ordres de fermetures provisoires furent imposés comme à Paris en 1510 avant que François Ier fit fermer définitivement presque tous les établissements en 1558.
Par la suite, la popularité des bains publics diminua progressivement en Europe : ils ne furent plus ouverts que certains jours, puis finirent par disparaître. Economiquement, le prix du bois de chauffage était devenu difficile à soutenir, prix auquel s’ajoutait les amendes payées à chaque fois que les hommes et les femmes n’étaient pas séparés. De plus, avec l’arrivée des parfums et des crèmes pour la toilette quotidienne, les bains n’étaient plus considérés comme indispensables.
Dans le Paris de Louis XIII, il n’y avait plus que deux étuves publiques. Il avait donc suffi de 200 ans pour qu’une tradition multimillénaire disparaisse.